Avec une attention croissante portée à l’alimentation saine, au bien-être animal et à la réduction de la consommation de viande, le marché végan offre des perspectives prometteuses à de nombreux secteurs d’activité.

Selon le rapport de Bloomberg Intelligence, le marché des produits végans est en pleine expansion et devrait atteindre la somme colossale de 162 milliards de dollars d’ici la fin de l’année 2023. Cette tendance, qui est étroitement liée à l’industrie agroalimentaire – son principal moteur de croissance – s’étend désormais à d’autres domaines. Des cosmétiques exempts de tout ingrédient d’origine animale aux baskets conçues à partir de déchets de pommes, de plus en plus d’entreprises optent pour les produits végans afin de séduire les consommateurs millennials, qui y portent un grand intérêt.

Une tendance encouragée par des préoccupations environnementales.

Le véganisme est un terme qui est souvent évoqué, mais dont la définition est souvent mal comprise. Ce mode de vie exclut la consommation et la commercialisation de viande et prône la protection des animaux en tant que priorité absolue. Bien que l’origine de ce mouvement soit principalement éthique, les considérations environnementales jouent un rôle de plus en plus important. Selon Ariane Voyatzakis, une experte du secteur agroalimentaire chez Bpifrance, “les préoccupations environnementales sont désormais un facteur clé dans nos choix de consommation”. En effet, d’après les chiffres de l’Inrae (Institut National de Recherche Agronomique), l’élevage, en particulier l’élevage bovin, est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, et de 10 % en Europe. Ces émissions sont principalement liées à la production d’aliments pour le bétail, au transport de celui-ci et à la gestion de ses déchets.

Quel impact cette prise de conscience a-t-elle sur nos habitudes alimentaires ? Selon Kantar World Panel, en 2021, 49 % des foyers français avaient au moins une personne adoptant un régime flexitarien (régime végétarien qui autorise une consommation occasionnelle de viande), contre 25 % il y a six ans. Bien que les raisons de cet intérêt varient d’un pays à l’autre, en Europe, les raisons principales pour adopter ce mode de vie sont liées aux enjeux climatiques ou à la maltraitance animale. “En Amérique du Nord, les gens adoptent de plus en plus un régime végan pour des raisons de santé ou en raison des prises de position de célébrités”, ajoute Ariane Voyatzakis, experte chez Bpifrance.

Une audience de plus en plus étendue.

Cependant, ce marché ne se limite pas aux seuls adeptes du véganisme. “Ce ne sont pas exclusivement les personnes adoptant strictement un tel mode alimentaire qui font l’essor du secteur végan”, affirme Ariane Voyatzakis. “C’est l’ensemble de la population qui est de plus en plus sensible à ces pratiques. Récemment, une étude a révélé que près de 40 % des Français souhaitent consommer davantage de produits végans”. Une raison possible de cet engouement pour les produits végétaux est qu’ils sont devenus beaucoup plus appétissants et grand public qu’auparavant. De nos jours, il n’est pas rare de trouver au menu des burgers à base de viande végétale ou des pâtes carbonara véganes lorsque vous sortez déjeuner au restaurant ou que vous commandez à emporter. “Nous sommes de plus en plus nombreux à ne consommer de la viande qu’une fois par jour, voire tous les deux jours. Les raisons sont le plus souvent liées à la recherche d’une alimentation plus saine et plus qualitative”, rappelle l’experte. “Bon nombre de consommateurs sont également prêts à consommer moins de viande mais de meilleure qualité, en se dirigeant vers le bio, les viandes issues d’élevages responsables et de fermes locales, etc.”

Les marques véganes, qu’elles soient spécialisées dans le prêt-à-porter ou les cosmétiques, sont de plus en plus nombreuses sur le territoire. Selon une étude de Motor Intelligence portant sur les cosmétiques végétaliens, le marché mondial devrait connaître un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 6,5 % entre 2022 et 2027. La croissance la plus forte se produit en Europe, car ses habitants sont plus sensibles aux effets néfastes de certains composants et se tournent donc plus facilement vers des produits d’origine végétale.

La viande de culture gagne du terrain sur les protéines animales

Le changement de comportement des consommateurs en faveur des produits végétaux a conduit à une diversification de l’offre. Plusieurs grands groupes tels que Nestlé, Naturalia, ou encore Danone ont investi dans ce marché en pleine croissance. Les startups innovantes telles que Beyond Meat, Memphis Meats, Impossible Foods aux États-Unis ou Gourmey et Vital Meat en France, encadrent souvent ces initiatives et fournissent de nombreuses enseignes. Ainsi, des chaînes de restauration rapide telles que KFC, Pizza Hut et McDonald’s se sont associées à Beyond Meat pour proposer des produits tels que des nuggets à base de protéines végétales ou des burgers végans. Naturalia, l’enseigne bio de Monoprix, a même ouvert un nouveau concept de magasins entièrement végans. Pour accélérer sa croissance dans le domaine des produits “plant-based”, Danone a annoncé l’acquisition de la société de produits végétaux Earth Island aux États-Unis avec pour objectif d’augmenter sa part de chiffre d’affaires dans ce secteur d’ici 2025.

Ariane Voyatzakis affirme que “la viande de culture présente un intérêt croissant en raison des coûts économiques et environnementaux des protéines animales”. Selon une étude de KPMG Nouvelle Zélande, les investissements dans ce domaine ont connu une croissance exponentielle, atteignant près d’un milliard de dollars en 2021. Un an plus tard, la start-up française Gourmey, spécialisée dans la viande de culture, a annoncé une levée de fonds record de près de 48 millions d’euros pour industrialiser son foie gras de synthèse. “Pour ces entreprises, l’enjeu est désormais de proposer des produits savoureux car les protéines végétales ont des défauts organoleptiques. Cela leur permettra de toucher des cibles telles que les enfants et les personnes âgées, encore très réfractaires à ce type de produits. C’est pourquoi nous soutenons la R&D via France 2030”, conclut l’experte de Bpifrance.

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